Lions Love (...and lies)

De Agnès Varda
France, Etats-Unis - 1969 - vost - 110' - Numérique
Synopsis

Trois acteurs, Viva, Jim et Jerry, vivent en trio conjugal dans une maison à Hollywood au moment où Robert Kennedy est assassiné.

La découverte du mouvement hippie par Agnès Varda, un « documenteur » qui emprunte au cinéma-vérité. En pleine naissance de la contre-culture, cette observation déjantée des nouvelles stars d'Hollywood voit l'actrice Viva, muse de l'Underground et égérie d'Andy Warhol, évoluer aux côtés de Rado et Ragni, créateurs de la comédie musicale Hair.

 

 
Critique

Agnès Varda se devait de réussir son coup. Pour réaliser son essai sur 68, elle disposait des éléments suivants: une certaine "Viva", la sensuelle égérie warholienne, artiste en tous genres et paumée comme c'est pas permis. Les deux auteurs de la comédie musicale à succès Hair, deux garçons bien bâtis et au summum de la gloire. Une quantité astronomique de marijuana. Et Shirley Clarke, une cinéaste en provenance de l'underground new-yorkais. 

Que se passe-t-il lorsque l'on met ce beau monde dans une villa hollywoodienne (avec piscine) pendant les journées qui précédèrent et suivirent l'assassinat de Robert F. Kennedy?  

Ce que l'on imagine, tout simplement. Des gens qui déambulent, la plupart du temps nus et défoncés. Des lectures à n'en plus finir du philosophe Saint Augustin, déclamé en pleurant (autant y mettre de l'emphase). Des discours sur le "climax cosmique" (allez savoir...). On y voit aussi des enfants (arrivés là on ne sait pas trop comment, ni pourquoi) que l'on bourre de somnifères parce qu'ils pleurent trop. 

Méchanceté (facile) mise à part, cet essai, rarissime et largement méconnu, fait transparaître assez fidèlement l'esprit de la culture "flower power". Les "acteurs" ont écrit eux-mêmes leur texte, jouent leur propre rôle, n'hésitent pas à interpeller le spectateur et la réalisatrice. Il y est question de quête identitaire, spirituelle, de narcissisme exacerbé, d'érotisme, de vacuité mais aussi de moments d'étonnante lucidité (on retiendra tout particulièrement : "est-il possible de rendre un enfant heureux sans s'ennuyer ?").  

Un film que beaucoup adoreront détester mais qui se doit d'être mentionné pour sa valeur de témoignage et sa radicalité esthétique.

Igor Hansen-Løve, L'express

Projeté dans le cadre de

Du 11 Septembre 2019 au 10 Octobre 2019
Du 3 Juillet 2024 au 3 Septembre 2024
Rétrospective de films cultes