Le Gai Tapant
Sachant ses jours comptés, l’attachant Jean Le Bitoux (1948- 2010) a voulu être filmé. Militant inlassable de la reconnaisancedes déportés au triangle rose, il a créé un Mémorial pour rappeler leur souvenir. On lui doit aussi, en 1979, la création du « Gai Pied », premier magazine gay français en kiosque. Le titre est du philosophe Michel Foucault, qui avait aussi proposé « Le Gai Tapant », et qui donnera un texte dès le premier numéro. Avant Sartre et bien d’autres. En 1971, Jean avait cofondéle fameux FHAR (Front homosexuel d’action révolutionnaire), qui a tant fait pour libérer la parole homosexuelle.
Précédé de : The Time in Between (Dimanche 30.09)
Inspiré d’une histoire vraie, ce film nous offre une histoire d’amour saphique, aventure défendue, sur fond de Deuxième guerre mondiale. Il nous montre Ruth Maier se confiant à propos de sa jeunesse. Et l’on retourne ainsi en 1942, long flashback, alors qu’elle se lie avec Eva, jeune fille juive. Mais les SS débarquent, et la suite est hélas évidente… Cet amour se déchire, annulé par les préjugés, puis la déportation de Ruth. Un film curieux, délicat, à l’ambiance particulière donnée par le filmage précis. Il offre à voir un nouvel angle, encore, de cette terrible période. Et il est dédié à la vraie Ruth Maier, décédée à Auschwitz, le 1er décembre 1942.
Réalisation : Henrik Martin Dahlsbakken / Norvège / 2009 / 24’ / vo norvégien s.-t Fr
Précédé de : Un chant d'amour (Mercredi 26.09)
Brûlant poème en noir et blanc, voulu muet par son auteur, ce film est la seule création de Jean Genet pour le cinéma. Longtemps interdites, ces 26’ sont traversées par un souffle incandescent. Dans une prison, des condamnés, en proie au désir érotique et aux rêves de liberté, sont convoités par un maton l’oeil collé au judas. Certains personnages sont joués par ces garçons de mauvaise vie qui fascinaient l’écrivain par leur animale séduction. Pour échapper à la brutalité de l’enfermement, Genet leur ouvre la porte de l’imaginaire : loin du bagne, ils accomplissent, dans la subversion et l’extase, les promesses d’une idylle qui fait tomber murs et murailles et sublime les corps nus.
Réalisation : Jean Genet / France / 1950 / 26’ / film muet