Der Himmel über Berlin
Deux anges volent dans le ciel de Berlin. Invisibles aux yeux des hommes, Damiel et Cassel peuvent lire dans les pensées des habitants de la ville encore divisée. Ils constatent alors combien les gens dont ils sont les gardiens (parfois impuissants) sont tristes et enfermés sur eux-mêmes. Au cours de ses pérégrinations, Damiel va pourtant rencontrer l’amour, jusqu’à vouloir redevenir simple mortel…
Les Ailes du désir tranche avec les autres films de Wenders qui proposaient un parcours «à plat» de divers lieux et territoires: d'abord l'Allemagne comme métaphore de la recherche de soi-même, dans les premiers films; puis, le trajet Allemagne-Etats-Unis pour retrouver les sources de la fiction cinématographique née, pour Wneders, sur le Nouveau Continent. Ici, il s'agit d'une vision verticale et cela au moins à deux niveaux: la spiritualité incluse dans le regard des anges et la proposition d'une coupe historique de Berlin, à travers l'évocation du tournage de ce film sur l'époque nazie. Nous pouvons prendre acte du changement éthique qui s'est opéré chez Wenders. Au début des années soixante-dix, lorsqu'il renouvelle le fameux «road movie», il le place dans une problématique existentielle: ses personnages sont des déracinés qui n'ont plus — ou si peu — d'attaches idéologiques ou familiales. Ils vivent la philosophie du moment. Le retour du spirituel dans les années quatre-vingt a probablement marqué Wenders: il choisit ce biais pour revenir tourner en Allemagne et nous proposer une vision totalement différente de ses concitoyens. Splendide et surprenant, Les Ailes du désir complète, à merveille, les précédentes chroniques germaniques de l'auteur en leur ajoutant la dimension métaphysique qui leur manquait.
Rapahël Bassan, La Revue du Cinéma