Sans toit ni loi
Une jeune fille errante est trouvée morte de froid : c'est un fait d'hiver. Etait-ce une mort naturelle ? C'est une question de gendarme ou de sociologue. Que pouvait-on savoir d'elle et comment ont réagi ceux qui ont croisé sa route ? C'est le sujet du film. La caméra s'attache à Mona, racontant les deux derniers mois de son errance. Elle traîne. Installe sa tente près d'un garage ou d'un cimetière. Elle marche, surtout jusqu'au bout de ses forces.
Ce périple au bout de l’indépendance est filmé comme un voyage en stop, avec ses escales de soulagement ou d’attente, ses accélérations, et toujours la même obsession : avancer pour vivre. Panneaux de signalisation tordus, décapités ou tagués, pneus de voiture empalés sur le grillage… Les images sont parsemées d’indices révélant combien la route est chaotique et dangereuse. Absorbée dans un fossé-caveau, Mona rend l’âme en prenant racine.
Sandrine Bonnaire avait 18 ans lorsqu’elle accepta ce difficile rôle de rebelle prise à son propre piège. Dépourvue de coquetterie physique et intellectuelle, elle s’attache à rendre son personnage immortel, transformant l’aplomb rieur d’A nos amours en sang-froid implacable. Le film obtint le Lion d’or au festival de Venise de 1985 et fut le plus grand succès commercial d’Agnès Varda.
Marine Landrot, Télérama