Les Amants
Jeanne, mariée à un directeur de journal, s'ennuie dans son manoir de Bourgogne. Elle s'offre quelques escapades à Paris pour y voir son amant. Rien de passionnel, tout juste un passe-temps. Mais un jour, en panne de voiture sur la route, elle demande de l'aide à un conducteur de 2CV. Et si l'amour avait enfin croisé son chemin ?
Le film marqua la fin d'une profonde passion qui lia le cinéaste et Jeanne Moreau. D'où ces silences douloureux, ces plans séquences longs comme une agonie et cette vision inquiète de l'amour. Pour mieux brouiller les frontières entre fiction et réalité, Jeanne Moreau porte d'ailleurs son propre prénom. Louis Malle la cadre avec distance et insistance, porté par un difficile paradoxe : comment faire part d'une intimité révolue ? La réponse paraît grinçante, sinistre même. D'autant plus que le réalisateur règle au passage quelques comptes avec ses origines bourgeoises et que le constat est affligeant. Pourris par l'argent et les conventions, les personnages n'ont qu'une vaine obsession : cacher leur terreur des sentiments.
Marine Landrot, Télérama