LE MONDE DU SILENCE
Premier grand film en couleurs sur les explorations sous-marines réalisé par le Commandant Cousteau et Louis Malle, à bord du navire laboratoire, la " Calypso ". L'équipe des plongeurs dirigée par le Commandant Cousteau nous fait découvrir les étranges beautés de ce " monde du silence ", nouvelle conquête des hommes du XXe siècle. Grâce à leurs scooters sous-marins, à leurs lampes électriques jetant une lumière éblouissante sur ces ténèbres jusqu'alors inviolées, les plongeurs, munis des caméras les plus perfectionnées, nous font pénétrer dans cet univers étrange, ou la flore arborescente ne fleurit jamais, mais où la faune revêt les plus éclatantes couleurs de nos fleurs terrestres.
Revoir Le Monde du silence aujourd'hui, soixante ans après, c'est mesurer les progrès de notre conscience écolo. Immense succès en son temps (Palme d'or à Cannes, oscar du meilleur documentaire), ce long métrage tourné en mer par Jacques-Yves Cousteau et le jeune Louis Malle comporte son lot de scènes choquantes. On y voit la lacération involontaire d'un jeune cachalot par l'hélice de la Calypso, son agonie, puis, filmée frontalement, son exécution pour « abréger ses souffrances ». Le massacre des requins, « ennemis mortels » du plongeur, témoigne, quant à lui, de la totale méconnaissance des squales dans les années 1950.
Le film reprend, d'ailleurs, certains canons du western hollywoodien. Les membres de l'équipage se comportent parfois comme des cow-boys venus troubler le calme d'un territoire inconnu : ils dynamitent un récif de corail pour recenser les espèces et chevauchent des tortues, marines ou terrestres.
Il faut cependant remettre le documentaire dans son contexte : le commandant Cousteau était, en 1956, davantage un pionnier qu'un défenseur de l'environnement. Prouesse technique, Le Monde du silence constitue une étape dans l'histoire du cinéma. C'est l'un des premiers films subaquatiques en couleurs. Il vaut aujourd'hui comme document d'époque aux images extraordinaires.
Nicolas Didier