Ariane
A Paris, le détective privé Claude Chavasse est spécialisé dans les affaires d’adultère. Sa fille, Ariane, est fascinée par son travail et plus particulièrement par le cas du playboy Frank Flannagan. Lorsqu’Ariane surprend un client de son père menaçant de tuer Flannagan, elle court prévenir ce dernier du danger qui l’attend. Quand le client jaloux débarque à l’hôtel, il trouve le millionnaire en compagnie d’Ariane et non de sa femme infidèle. Intrigué, Flannagan organise un rendez-vous avec elle le lendemain après-midi...
On a souvent traité Billy Wilder de cynique. On a dit de lui que c’était un grand scénariste et un metteur en scène moyen. Toutes choses qu’Ariane vient démentir avec brio. Ariane n’est sans doute pas le film le plus complexe de Wilder, mais cette comédie sentimentale est très probablement son film le plus enjoué, le plus maîtrisé, le plus proche des scénarios qu’il écrivait à la fin des années 30 pour Leisen ou Lubitsch. (...) Le film, rythmé par des chansons, des dialogues incisifs et des gags à répétition (les musiciens tziganes qui suivent Flannagan comme son ombre, le violoncelle d’Ariane), fait alterner les scènes de comédie pure (le mari trompé) et les scènes de couples (le magnifique entracte de Tristan et Yseult à l’Opéra, filmé au téléobjectif) tout en permettant au metteur en scène d’imposer une nouvelle fois sa vision de l’Europe comme territoire civilisé, ancien, celui où les Américains viennent redécouvrir leur humanité, laissent apparaître leurs faiblesses et leur fragilité.
Christophe Musitell, Les Inrockuptibles