A travers le miroir
Karin qui sort d’un séjour en clinique psychiatrique, Martin son mari médecin très dévoué et Minos son jeune frère, passent quelques jours sur une île de la Baltique. David, le père des deux jeunes gens, de retour d’un voyage en Suisse, les rejoint. Le soir même, le frère et la sœur jouent pour lui une petite pièce écrite par Minos qui révèle l’un des enjeux majeurs du film : leur père est écrivain mais il ne leur a jamais parlé.
Premier volet d’une trilogie sur « l’absence de Dieu » comprenant Les Communiants et Le Silence (tous deux sortis en 1963), À travers le miroir est une brillante et sombre réflexion sur la création, la mort et l’au-delà, que Bergman va tenter de personnifier à travers ses personnages. Alors que le père, David, se sert de ses enfants et de leur mal être pour nourrir son art, Karin plonge dans un délire mystique, persuadée d’être en communication avec Dieu, ce qui l’amènera à commettre l’irréparable. Aucun échappatoire chez ces protagonistes, si ce n’est une infinie solitude qui infusera dans l’esprit des autres membres de la famille, Martin et surtout Minus. Quasi-huis clos centré autour de quatre personnages, À travers le miroir est un véritable chef-d’œuvre d’épure avec sa photographie signée Sven Nykvist : ce dernier laisse de côté ses précédentes prouesses stylistiques pour aller à l’essentiel – à savoir l’exploration de la psyché humaine –, rejoignant par là le cinéma de son contemporain, Michelangelo Antonioni. Lauréat de l’Oscar du Meilleur film étranger en 1961, À travers le miroir est un portrait à charge contre la famille, institution ici proche de la désintégration faute de communication entre ses membres. Huit ans après le célèbre Monika, Harriet Andersson crève à nouveau l’écran dans ce rôle de femme en proie à la psychose.
Carlotta