Jeux d'été
Marie, danseuse à l’Opéra de Stockholm, consulte le journal intime de son ami de jeunesse, mort depuis treize ans…
Cette évocation du bonheur hédoniste, avec ses baignades matinales, ses cueillettes de fraises des bois, ses longs jeux amoureux, s’accompagne d’un cri de révolte contre Dieu qui annonce les grands thèmes métaphysiques à venir. «Je ne crois pas que Dieu existe, dit Marie, et s’il existe, je le haïrais toujours… S’il était devant moi, je lui cracherais au visage.» Mais Jeux d’été, film des regrets et des nostalgies, est surtout une méditation sur le sens d’une vie. Contrairement à la réflexion désabusée de l’oncle Erland, qui affirme l’absurdité d’un monde hostile, le maître de ballet exprime une tout autre solution : vivre, c’est aimer. Il est stérile et vain de vivre avec des souvenirs. En acceptant de partager l’amour de David, Marie entrevoit une existence nouvelle. Elle réconcilie l’art et la vie. C’est la signification du magnifique plan final, l’envolée magistrale et euphorique d’une danseuse de ballet transfigurée par un second amour.
Raymond Lefèvre, Ingmar Bergman, Filmo 5, 1983, p. 47