Taking Off
Comme souvent chez Forman, il est question de conflits intergénérationnels. Deux petits-bourgeois new-yorkais adhèrent à une association d'aide aux parents d'ados fugueurs pour tenter de comprendre leur fille partie vivre avec un hippie. Une initiative vouée à l'échec : le montage ironique et les chansons contestataires utilisées en contrepoint des images soulignent le fossé infranchissable entre générations.
La satire est vive — drôle de scène où les adultes testent les joies de la fumette pour mieux « cerner » leur progéniture —, mais jamais cruelle. Forman, intraitable envers les institutions (dans Au feu les pompiers ! ou Vol au-dessus d'un nid de coucou), se montre indulgent envers les individus. Il sait faire preuve d'équité entre ses personnages : les vieux en prennent pour leur grade, mais leur désarroi est évoqué avec tendresse ; la détresse des jeunes touche, mais leur révolte apparaît très conventionnelle. Son regard d'« anthropologue sympathisant » (selon le scénariste Jean-Claude Carrière) a permis à cette comédie douce-amère, pourtant très marquée par son époque, de garder sa fraîcheur.
Samuel Douhaire, Télérama