Les Amours d'une blonde
1964, Sruc sur Sazava, une petite ville du centre de la Tchécoslovaquie, l’un des responsables d’une gigantesque usine de fabrication de chaussures, dont le personnel est quasi exclusivement féminin, convainc la hiérarchie militaire d’organiser des manœuvres dans les environs afin de pouvoir organiser des bals et que ses ouvrières rencontrent des hommes…
Milos Forman (Hair, Amadeus, Valmont...) n'avait pas encore découvert l'Amérique. Leader de la Nouvelle Vague tchèque, il venait de signer un film incisif sur la jeunesse de son pays, L'As de pique. Ici, il évoque avec une belle franchise les relations sentimentales et sexuelles, le désir, l'amour, les rêves et les mensonges. La première partie du film, dans la ville ouvrière, est traitée sur un ton satirique et burlesque. Ensuite, les mésaventures d'Andula à Prague ont quelque chose d'amer et de féroce, avec la mainmise des parents et de l'autorité. Contrairement à ce qu'ont pensé alors certains critiques français, Les Amours d'une blonde n'était pas un film intimiste et charmant, mais une oeuvre acerbe, dans laquelle le réalisateur mêlait les genres avec brio, et s'opposait avec une sorte de violence au réalisme officiel. Solitude, contraintes sociales, aspirations de la jeunesse étouffée par le système étatique : c'était même, carrément, un pamphlet. Toujours remarquable.
Jacques Siclier, Télérama