Dans un jardin je suis entré
"Dans ce jardin je suis entré" fantasme un « ancien » Moyen-Orient, dans lequel les communautés n’étaient pas séparées par des frontières ethniques et religieuses, un Moyen-Orient dans lequel même les frontières métaphoriques n’avaient pas leur place. Dans l’aventure commune d’Ali et Avi, de ce voyage qu’ils entreprennent vers leurs histoires respectives dans une machine à remonter le temps née de leur amitié, le Moyen-Orient d’antan – celui dans lequel ils pourraient coexister sans efforts- refait surface avec une grande facilité.
Comme une ponctuation élégiaque et poétique, des vignettes en super-8 viennent régulièrement bousculer la linéarité du récit : images d'un Orient englouti et, en voix off, la chronique épistolaire d'un amour transfrontière entre Beyrouth et Israël. En 2009, Avi Mograbi signait un documentaire-exorcisme sur la confession d'un jeune criminel de guerre israélien. Le cinéaste se disait alors terrassé par le pessimisme. Le revoilà toujours aussi incisif, mais plus apaisé, presque confiant. Comme s'il avait réussi à ne plus être seul contre tous.
Mathilde Blottière, Télérama