Jardins en automne

De Otar Iosseliani
France, Russie, Italie - 2006 - vofr - 117' - Couleurs
Synopsis

Vincent, un bon vivant, aime le pouvoir et sait profiter de ses fonctions de ministre pour mener la grande vie. Très entouré, il n'hésite pas à jouer de son autorité naturelle. Odile, sa délicieuse maîtresse, ne lui trouve-t-elle pas un charme fou ? Mais lorsqu'une succession de manifestations le pousse à démissionner, ce petit univers factice s'effondre. Odile le quitte et Théodière, qui reprend son ministère, met au rebut tous les objets qu'il avait installés dans son bureau. D'abord abattu, Vincent redécouvre les choses simples de la vie. Peu à peu, il réapprend à savourer le quotidien d'un quidam. Il multiplie les promenades paisibles dans les jardins publics et tourne le dos à son passé agité...

Critique

On retrouve dans Jardins en automne tout ce qui nous est cher chez Otar Iosseliani : sa philosophie hédoniste, sa crainte de voir tout pouvoir naissant devenir une dictature. Et aussi son goût pour le Paris accordéon du cinéaste français qui l'a le plus marqué : René Clair. Il a toujours en tête quelques idées poético-surréalistes, dont la plus extravagante, ici, est d'avoir transformé Michel Piccoli en mère du héros et mairesse de son village. Le voir gronder gentiment son garnement de ministre (« Allez, file, file, file... ») et présider, ceint de son écharpe tricolore, une cérémonie commémorative est un plaisir absolu.

Pierre Murat, Télérama

***

Ode à la liberté, à l’absence d’ambition, à l’abandon aux petits plaisirs hypnotiques de la vie, Jardins en automne est un film doux et jubilatoire. Pourtant, loin de décrire un monde parfait, Iosseliani n’en cache pas la violence : il n’y a pas de bons ni de méchants dans le film, seulement des gens qui agissent au gré des circonstances, avec une sorte de dignité stoïcienne, de fatalisme bonhomme. Un ton qui passe évidemment par la mise en scène de Iosseliani, son style précis et imprécis à la fois, qui maintient toujours les personnages, leur paroles et les situations à distance (pas de gros plans intempestifs ici), comme pour nous aider à voir que tout cela n’est jamais bien grave, au fond.

Jean-Baptiste Morain, Télérama