Qu'est-il arrivé à Baby Jane ?
« Baby Jane » Hudson a été une enfant star dans les années 1910. Plus tard, sa sœur Blanche a connu elle aussi la gloire, mais un étrange accident l'a rendue infirme, mettant fin à sa carrière. Désormais, elles vivent ensemble.
Une œuvre grandiose et cruelle, totalement atypique dans l’histoire du cinéma. Le noir et blanc contrasté, les ombres appuyées, le jeu outrancier (et génial) des deux actrices (Bette Davis et Joan Crawford qui se détestaient cordialement dans la vie) l’enveloppent d’une inquiétante atmosphère expressionniste.
Lorsque le film est présenté en 1963 au Festival de Cannes, c’est la curée. Outrance, mauvais goût, misogynie, grand-guignol, tout y passe. Pourtant, par-delà le malaise que dégage ce face-à-face paroxystique, Qu’est-il arrivé à Baby Jane ? est une œuvre grandiose et cruelle, totalement atypique dans l’histoire du cinéma. Le noir et blanc contrasté, les ombres appuyées, le jeu outrancier (mais génial) des deux actrices (qui se détestaient cordialement dans la vie (1) ) l’enveloppent d’une inquiétante atmosphère expressionniste. Le meurtre de la domestique noire vu par Jane à travers les yeux de Blanche immobilisée sur son siège, ou encore Jane, hideuse dans sa robe enfantine, chantant et dansant sur la plage : autant de morceaux de bravoure hallucinants, dégoulinant de rancœur sadique. Continuellement sur le fil du rasoir, Robert Aldrich filme au plus près les rapports exacerbés des deux femmes : la douce Joan Crawford, pathétique, et la monstrueuse Bette Davis, le visage déformé par la haine. Mais lorsqu’il plonge dans leur passé trouble, il révèle des relations plus ambiguës et moins manichéennes qu’il n’y paraît.
Gérard Oury, Télérama