Eve
L'actrice Eve Harrington reçoit la suprême récompense théâtrale de l'année. Plusieurs témoins se rappellent son irrésistible ascension… Bette Davis, Anne Baxter, George Sanders et… Marylin Monroe dans un de ses premiers rôles. L‘univers impitoyable des milieux du spectacle dans les années 50. Pour réussir, il faut être menteur, hypocrite, manipulateur, maître-chanteur… Joseph L. Mankiewicz sait de quoi il parle. Et il le fait bien. Quatorze nominations aux Oscars 1950 ! Un record égalé uniquement par Titanic (2014) et La La Land (2016) !
Eve Harrington s’apprête à recevoir la plus haute distinction pour une interprétation théâtrale. Sur cette première image, Mankiewicz greffe une question : comment en est-elle arrivée là, quelques mois seulement après avoir été engagée comme secrétaire par la grande comédienne Margo Channing ? Après ce prologue, qui propose d’aller au-delà des apparences, Mankiewicz use de son procédé préféré, le flash-back, pour décortiquer, en trois témoignages, le parcours fulgurant de cette intrigante hors pair. Rien de mieux que le milieu du théâtre pour aborder ses deux thèmes chéris, l’ambition et la manipulation… On ne voit jamais Eve sur scène ? C’est exprès : son talent saute tellement aux yeux dans la vie, quand elle joue la douce et modeste fan. Face à cette jeune vipère qui cherche à lui voler la vedette, Margo, la diva de déjà 40 ans, va rugir, taper du pied, puis finir par se retirer du jeu. L’épilogue lui donne raison : dans la quête dévorante de reconnaissance, il y a toujours une nouvelle Eve…
Distillés comme du poison par Anne Baxter, Bette Davis et George Sanders, les dialogues de Mankiewicz sont brillants, blessants, et plus encore. Le langage est déterminant, il commande l’action plus que dans tout autre film du cinéaste.
Guillemette Odicino, Télérama