DOCTEUR FOLAMOUR
Un bombardier américain, chargé de bombes nucléaires, file vers l'URSS. Le major King Kong s'en va accomplir la mission la plus décisive de toute sa carrière. C'est le général Jack Ripper, un extrémiste farouchement persuadé que les Russes empoisonnent l'eau potable des Etats-Unis, qui a pris l'initiative de cette mission que plus rien ne peut arrêter. Prévenu, le président Muffley est obligé de se servir du téléphone rouge pour avertir son alter ego soviétique de la catastrophe. Malgré toutes les consignes et les discussions, un des avions lâche sa bombe. Le docteur Folamour, chef des armements, explique que les rescapés vont devoir vivre sous terre...
Le cinéaste ridiculise l'état-major américain de façon admirable. Les compositions de George C. Scott ou de Sterling Hayden sont savoureuses. Mais c'est Peter Sellers qui écrase le film, dans un triple rôle étourdissant : il s'en donne à coeur joie en Dr Folamour, cousin paralytique (ou créature ratée ?) de Wernher von Braun. L'image finale du major King Kong sautant de son B-52 à califourchon sur une bombe atomique coince un peu le rire dans la gorge...
Aurélien Ferenczi, Télérama
***
Si, en 1964, Dr. Folamour pouvait être vu comme une comédie irrévérente de politique-fiction, aujourd’hui, plus de cinquante ans après, on peut le recevoir comme un possible état des lieux. En effet, tourné au cours de la guerre froide, juste après la Crise des Missiles de Cuba et de l’assassinat de Kennedy, le chef-d’œuvre de Kubrick nous rappelle qu’à l’époque l’avenir du monde était aussi incertain qu’aujourd’hui. Une fois de plus nous pourrons affirmer, comme un certain visionnaire nommé Karl Marx, que l’Histoire ne se répète pas, mais qu'elle bégaie. Payé à prix d’or, l’immense Peter Sellers y interprète trois rôles ce qui a fait dire à Kubrick que malgré tout c’était une bonne affaire car il avait eu trois acteurs pour le prix d’un !
Rui Nogueira