Reprise
Le 10 juin 1968, dans le cadre de travaux pratiques de l’IDHEC, une équipe d’étudiants en cinéma se rend à la sortie des usines Wonder à Saint-Ouen. C’est le jour de la reprise du travail, votée après trois semaines de grèves. Il y a un attroupement devant l’usine, des ouvriers, des militants discutent avec les responsables syndicaux, l’atmosphère est tendue…et au milieu de la foule, une jeune fille est-là, qui dit qu’elle ne rentrera pas, qui dit que non, elle ne mettra pas les pieds dans cette taule dégueulasse...
Hervé Le Roux, fasciné par l'image de cette femme décide de la retrouver. Il recherche les témoins de la scène et leur projette le film, soucieux de retrouver la trace de cette inconnue, devenue symbole de l'idée de résistance.
Un documentaire de trois heures sur un court-métrage légendaire et anonyme, La Reprise du travail aux usines Wonder, tourné en 1968 par deux étudiants de cinéma devant l'usine Wonder de Saint-Ouen : au moment où les employés reprennent le travail, une femme surgit dans la foule, s'insurge et refuse de retourner à l’usine. Cette rebelle mystérieuse est le prétexte et le sujet de ce film. Le Roux enquête sur cette pasionaria. Il tente de la retrouver en rencontrant d’anciens ouvriers, militants et syndicalistes. L'occasion pour le cinéaste de dérouler un pan d’histoire enfoui, de donner la parole à des travailleurs qui n'avaient jamais pu raconter leur expérience, dire leurs conditions de travail, exprimer leur nostalgie mêlée de souffrance.
Vincent Ostria, Les Inrocks
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En cherchant « la femme qui crie », le film fait percevoir cette absence, ce refoulé (du jeu politique, des médias, du cinéma français aussi bien). Celui qui ressort à présent par surprise jusque dans les plus infâmes dérives populistes comme dans l'essor « irrationnel » des grèves de l'hiver 1995. Ainsi Reprise est à la fois un grand récit d'histoire(s), et un formidable stimulant de la réflexion. Du grand cinéma, quand la réalité devient visible et passionnante, au-delà des apparences mais avec elles.
Jean-Michel Frodon, Le Monde
