BLOC CENTRAL

De Michel Finazzi
Suisse - 2018 - vofr - 78' - Couleurs - Numérique
Synopsis

Dans son premier long métrage de fiction, Michel Finazzi dresse le portrait de la prison lausannoise du Bois-Mermet. Cette fiction, très précisément documentée, fait découvrir les multiples aspects de la vie carcérale, ainsi que ses nombreux acteurs, de l’incarcéré au directeur, des assistantes sociales aux chefs d’étage.

Documentée, car le réalisateur, qui a travaillé pendant 16 ans dans deux prisons du canton et connaît parfaitement les rouages de l’institution, s’attache à décrire chaque aspect de la vie carcérale, avec exactitude et de manière presque exhaustive. Fiction, car il a recueilli une somme d’anecdotes, d’histoires, de faits de vie dont il saisit la quintessence pour nous livrer, en une écriture sensible, un récit qui nous accroche dès les premières scènes du film.

Michel Finazzi ne s’attarde pas sur l’aspect polémique de son sujet, mais préfère s’approcher des humains qui peuplent ce lieu, de part et d’autre des portes de cellules, composant avec soin des portraits d’une touchante humanité.

Découvrant la vie de cette petite société carcérale, le spectateur décèle en fin de compte un reflet de notre société, de ses normes, de ses codes et du burlesque des situations.

Critique

Le film BLOC CENTRAL est le fruit de mon vécu dans deux prisons vaudoises.
Engagé en 1997 pour créer et animer un atelier audiovisuel à la prison lausannoise du Bois-Mermet, puis à la prison de La Croisée à Orbe, j’ai poursuivi ce travail pendant 16 ans. J’ai ainsi côtoyé autant les détenus que le personnel et découvert le fonctionnement du monde carcéral.
J’ai pu rapidement constater le décalage entre la réalité et l’imaginaire populaire. Immergé dans ce milieu, au contact des réalités quotidiennes de la prison, j’ai aussi nourri ma réflexion de lectures d’ouvrages de criminologues, comme André Kuhn ou Daniel Fink.
L’enfermement serait-il le seul moyen efficace de réagir à la criminalité ? Quelle est l’efficacité de la prison et quelles en sont les effets sur les humains ?
A la fin de mon activité, avec l’envie de partager ce vécu, réaliser un film s’est imposé à moi comme une évidence.
Le Service pénitentiaire vaudois a répondu favorablement à ma requête de pouvoir tourner une fiction documentée entre les murs de la prison historique lausannoise. Une convention a donc été signée avec ce Service et la direction de la prison du Bois-Mermet, me laissant toute liberté d’expression artistique.

Les conditions imposaient bien sûr le respect strict des mesures de sécurité. Aucun détenu, aucun membre du personnel ne pouvait apparaitre à l’image. Nous pouvions tourner seulement à partir de 17h30, après fermeture des cellules pour la nuit. Nous avons toujours été accueillis avec bienveillance par les chefs et le personnel de la prison. Malgré tout, le degré de difficulté de tournage était élevé : impossible d’organiser des répétitions in situ ou d’amener du matériel lourd, ni d’éclairage artificiel.
Un premier casting en janvier 2014 m’a permis d’engager une cinquantaine de comédiens, professionnels et amateurs, tous recrutés en Suisse romande. L’équipe technique, quant à elle, est constituée uniquement de professionnels.
Le scénario est issu de mes écrits et de ma conviction que la prison est le reflet de notre société. Il raconte un certain nombre de situations vécues ou observées. L’évolution de mes personnages dans ce vase clos témoigne de la vie carcérale, des deux côtés des portes des cellules.
Le personnage principal de ce film est la prison, avec ses bruissements, cris, appels, bruits de pas, cliquetis de serrures... 

Note d'intention du réalisateur, Michel Finazzi

Projeté dans le cadre de

26 Mars 2018
De Michel Finazzi