Certaines Femmes
Quatre femmes font face aux circonstances et aux challenges de leurs vies respectives dans une petite ville du Montana, chacune s’efforçant à sa façon de s’accomplir.
Depuis Old Joy (2006), un premier long métrage qui redonnait ses lettres de noblesse au « cinéma indépendant », Kelly Reichardt n'a pas dérogé à sa manière de revivifier l'imaginaire américain à travers des personnages faisant corps avec les paysages. Nous voici, cette fois, en hiver, dans le vaste et venteux Montana, un Etat du Nord-Ouest où se situent ces trois récits distincts, inspirés de nouvelles de l'écrivaine Maile Meloy : à chaque fois, un incident, les détails d'un portrait de femme, des indices de fiction ouatée autour d'une blessure, plus ou moins secrète...
Comment si peu de mots, si peu de péripéties peuvent-ils nous transporter à ce point ? Par la méditation latente, le rythme berceur, la paix ou le chagrin que dégage Certaines femmes. Western moderne, c'est un film actif sur des femmes qui conduisent leur vie et travaillent dur dans un décor de plaine immense drapée de neige, et de montagnes, au loin. Aussi arrive-t-il que visage et paysage se confondent littéralement, à travers quelques plans inspirés de reflets, sur la vitre d'une voiture ou d'une baie vitrée. Comme si, bien au-delà du minimalisme apparent, Kelly Reichardt parvenait à atteindre quelque chose de l'ordre du sentiment océanique.
Jacques Morice, Télérama