L'Inconnu du Nord-Express
Un champion de tennis est abordé dans un train par un inconnu qui lui propose un étrange marché : il supprime sa femme encombrante si celui-ci se charge d'éliminer son propre père. Croyant avoir à faire à un fou, le tennisman ne lui prête aucune attention. Peu de temps après, sa femme est assassinée...
Dans un train, Bruno aborde un joueur de tennis célèbre, Guy, et lui propose un échange de meurtres : il tuera pour lui une femme encombrante; Guy, en retour, le débarrassera d’un père détesté. En fait, Bruno rêve d’un univers distordu où les jeunes femmes et les pères — qui donnent la vie — seraient morts. Où il ne resterait que des mères (âgées, de préférence) et des hommes comme Guy, dont il est à l’évidence amoureux.
L’habileté de Hitchcock, qui s’inspire d’un roman de Patricia Highsmith, c’est d’avoir fait de Guy le complice involontaire de son bourreau; indissolublement lié à cet homme, qui l’aime autant que lui le hait. Selon Hitchcock, si l’on se compromet avec le mal, ne fût-ce qu’une seconde, même pour en rire, on est forcément contaminé. Comme Guy, Hitchcock a peur de Bruno, tout en étant fasciné. Il le filme, minuscule silhouette, devant le Washington Memorial immaculé, comme un insecte noir qui souille la blancheur de l’univers.
Pierre Murat