Les Trente-neuf marches

De Alfred Hitchcock
Grande-Bretagne - 1935 - vost - 86' - Noir et Blanc - Numérique
Synopsis

Richard Hannay héberge une femme inconnue pour une nuit. Au matin, il la découvre assassinée. Les meurtriers et la police sont à sa poursuite, il fuit en Ecosse à la recherche du véritable assassin…

Critique

C'est, avec Une femme disparaît, le film anglais le plus célèbre de Hitchcock et c'est déjà l'un de ses grands, nullement inférieur (comme d'ailleurs Murder et Rich and Strange) à ses meilleurs films américains. A sa date, le film est confondant de virtuosité, notamment dans son rythme tendu à se rompre qui, sans aucune accélération artificielle, fait traverser au spectateur une si grande variété d'épisodes, de lieux et d'atmosphères qu'on s'étonne qu'elle puisse tenir dans une durée inférieure à 90 mn. (…)Le film se présente comme une suite quasi ininterrompue de morceaux d'anthologie, dépourvue de scènes de transition et livrée avec une vivacité, une fraîcheur d'inspiration, un sens des contrastes et de l'harmonie tout à fait saisissant. Le film alterne en effet des séquences d'action (poursuites, bagarres) typiques du film d'espionnage avec d'autres, beaucoup plus graves (celles qui se passent dans la lande et chez le paysan), d'une grande intensité plastique et d'une inspiration presque expressionniste. Le film contient aussi un marivaudage digne des meilleures comédies américaines dans les séquences où Robert Donat et Madeleine Carroll sont “unis” malgré eux par le destin et par une paire de menottes. Le tout est piqué de pointes savoureuses d'humour anglais, comme en témoignent la conversation des deux représentants en lingerie féminine dans le wagon de chemin de fer, ou la souriante complicité de la vieille hôtelière qui croit avoir affaire à un couple de jeunes amoureux en fuite. Dans toute cette variété, le contrôle qu'exerce le réalisateur sur les différents éléments de la mise en scène (direction d'acteurs, décor, photo, rythme, montage, etc.) est absolu et il est clair dès 1935 que Hitchcock, capable de maîtriser le parlant sans rien perdre de la densité visuelle et plastique du muet, n'avait plus rien à apprendre du cinéma. Il lui restait seulement à explorer son propre univers avec une volonté d'approfondissement et de renouvellement permanent qui allait se manifester pendant quarante ans.

Jacques Lourcelles

Projeté dans le cadre de

Du 29 Janvier 2018 au 7 Mars 2018