Il est talentueux, adulé, fascinant. Et aussi un peu glaçant, hautain, revêche. Le chorégraphe israélien Ohad Naharin est en somme un excellent sujet de documentaire. Quand il dirige ses danseurs comme lorsqu'il s'oppose à la politique de son pays, il n'est jamais l'homme des compromis, des facilités. Face au réalisateur, qui a obtenu — non sans mal — l'autorisation de le suivre, il se tient sur ses gardes. Ce portrait n'en est que plus précieux.
Retracé à travers des images d'archives et des films familiaux, le parcours du chorégraphe suit une logique passionnée et mystérieuse. La danse semble pour lui un langage à la fois très expressif et jamais explicite. Inventeur d'une sorte de gymnastique chorégraphiée, il l'a baptisée la gaga dance, en souvenir de ses tout premiers mots. Il faut laisser parler le corps avec la spontanéité des bébés ! L'important est de bouger ! Un message finalement simple et généreux, qui se déploie à travers des scènes de répétitions et de spectacles pleines d'énergie vitale. Magnifique.
Frédéric Strauss, Télérama