Prendre le large
Edith, 45 ans, ouvrière dans une usine textile, voit sa vie bouleversée par un plan social. Loin de son fils et sans attache, plutôt que le chômage, elle est la seule à choisir de rejoindre son usine délocalisée au Maroc…
Coécrit avec l'écrivain marocain Rachid O et hanté par des fantômes cinématographiques amis (de Jarmusch à Téchiné ou Varda), ce sixième long-métrage de l’acteur-réalisateur Gaël Morel est un petit morceau d’espoir, dur et sensible, social mais romanesque, sur l’exil et la place d’une femme qui vieillit mais refuse de baisser les bras. Avec en plan final un émouvant clin d’œil au début d’A nos amours réalisé par Maurice Pialat 34 ans plus tôt. Pour mesurer le chemin parcouru par la grande Sandrine Bonnaire, toujours aussi intense et lumineuse et qui risque fort de décrocher une nouvelle nomination aux Cesar en mars prochain. « On dirait que tout est fini, qu’il n'y aura plus jamais rien dans cette maison», lâche-t-elle avant de reprendre son avenir en main. Preuve que subsiste encore pour les amoureux de ce cinéma d’auteur exigeant mais populaire, la possibilité toujours tenace de beaux lendemains.
Karelle Fitoussi, Paris Match