Quand la mer monte
Irène est en tournée avec Sale affaire, un one woman show, dans le nord de la France. Elle rencontre Dries, un porteur de géants... C'est le début d'une histoire d'amour ! Histoire d'amour, qui a d'étranges résonances avec le spectacle qu'Irène joue sur scène...
Elle s'avance masquée. Dans sa robe à rayures fatiguée, elle fait rire en déballant sa vie sans joie d'une banalité à pleurer. Ce personnage, Yolande Moreau l'a créé il y a plus de vingt ans. Elle lui redonna vie dans son premier film comme (co)réalisatrice. Une présence intermittente, aussi burlesque que pathétique, au sein d'une chronique calfeutrée de tendresse.
Au fil d'une tournée dans le Nord, Irène (Yolande Moreau, bien sûr) choisit chaque soir dans la salle son « poussin », celui qu'elle somme de l'entraîner sur « les cimes enchantées de l'amour ». Ce jour-là, c'est Dries, un gars nature, blagueur, candide. Ils se retrouvent après le spectacle, et va s'ébaucher une romance timide que les auteurs dessinent par touches, avec beaucoup de générosité et autant de pudeur. Du balancement entre l'illusion et la réalité, entre l'excessif et le presque rien, émerge un drôle de désarroi doux distillé par la « grande Yolande ». Elle est l'âme poétique d'un film qui réhabilite l'élégance du coeur.
Jean-Claude Loiseau, Télérama