Un merveilleux dimanche

De Akira Kurosawa
Japon - 1947 - vost - 109' - Noir et Blanc - Numérique
Synopsis

DANS UN STYLE MÊLANT RÉALISME ET LYRISME, UNE CHRONIQUE SOCIALE BOULEVERSANTE SUR UN TOKYO EN PLEINE RECONSTRUCTION

« Ce que j’ai voulu obtenir avec la scène [de La Symphonie inachevée de Schubert jouée dans un amphithéâtre vide], c’était faire du public un participant actif de l’intrigue et qu’il ait l’impression d’agir sur le déroulement du film. »
Akira KUROSAWA

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la ville de Tokyo est sous les ruines. Le jeune couple formé par Yuzo et Masako a tout perdu pendant le conflit. Chacun est obligé de vivre séparément, lui chez un ami, elle chez sa soeur. Comme tous les dimanches, ils se retrouvent pour passer la journée ensemble, rêvant à de jours meilleurs. Mais Yuzo se sent de plus en plus accablé par cette situation. Masako, qui refuse de se laisser abattre, va tout faire pour redonner à son compagnon sa joie de vivre perdue…

Critique

Pour son sixième long-métrage, Akira Kurosawa signe une oeuvre bouleversante sur la lente et difficile reconstruction de Tokyo au sortir de la guerre – la moitié de la vieille ville fut détruite par les bombardements américains en 1945. Le scénario d’Un merveilleux dimanche, coécrit par le réalisateur et son ami dramaturge Keinosuke Uekusa, est adapté du film de D.W. Griffith, Isn’t Life Wonderful, qui racontait déjà l’extrême précarité en Allemagne après la Première Guerre mondiale. Allégorie de la capitale japonaise, le couple formé par Yuzo et Masako doit quotidiennement affronter les obstacles pour survivre : marché noir, difficultés à se loger, manque d’argent… Optant une nouvelle fois pour un style proche du documentaire, Kurosawa scrute le quotidien du Tokyo d’après-guerre, entre débrouille et désarroi. Un merveilleux dimanche évoque alors le courant du néoréalisme italien, né peu de temps avant en Europe, et sa peinture objective de la réalité – Allemagne année zéro de Roberto Rossellini, autre chronique sur une ville traumatisée par le conflit, est tourné la même année. Une autre influence serait également à noter du côté de Frank Capra, maître de la comédie sociale à l’américaine. Car Un merveilleux dimanche est une oeuvre qui balance constamment entre la réalité et le rêve, ce dernier vu comme le principal moteur de la vie. C’est en acceptant sa part d’imagination et de rêve que chacun peut continuer, comme le personnage de Yuzo qui retrouve sa joie de vivre lors de la scène clé du film, où celui-ci se transforme en chef d’orchestre dans un amphithéâtre vide. Kurosawa signe finalement une ode à l’optimisme et prouve ici sa foi en l’humanité.

Projeté dans le cadre de

Du 8 Mai 2017 au 6 Juin 2017