Madame De...
Pour régler ses dettes, Madame de... vend à un bijoutier des boucles d'oreilles que son mari, le Général de..., lui a offertes et feint de les avoir perdues. Le Général, prévenu par le bijoutier, les rachète et les offre à une maîtresse qui les revend aussitôt. Le baron Donati les acquiert puis il s'éprend de Madame de... et en gage de son amour lui offre les fameuses boucles d'oreilles. Le parcours de ce bijou aura des conséquences dramatiques.
"Des boucles d'oreilles en forme de coeur passent de main en main. Et un autre coeur, celui de Madame de..., se brise devant un sentiment inconnu qui a envahi sa vie futile et vaine. D'une certaine façon, la mise en scène sublime de Max Ophüls est une métaphore du cinéma, ce mensonge qui révèle la vérité, pour paraphraser Cocteau. Des mouvements de caméra d'une élégance et d'une précision extraordinaires semblent constamment entourer les personnages dans leur sinueux parcours vers la lucidité et, donc, vers la mort.
À Danielle Darrieux, Ophüls avait demandé d'incarner le vide. De façon que le spectateur soit profondément ému par son apparente inexistence. Elle réussit ce pari au-delà de toute espérance. Quand on la voit dans une église, la première fois, Madame de... n'est qu'une adorable mondaine, une coquette infernale. A la fin, c'est le visage d'une madone que filme Ophüls. Loin des rondes inutiles et du plaisir éphémère. Un visage que le réalisateur et la comédienne ont rendu inoubliable."
-Pierre Murat, Télérama