L’Homme sans passé
Descendu du train à Helsinki, un homme est roué de coups par trois voyous. À l’hôpital, il est déclaré mort, mais soudain, il bondit et s’échappe. Totalement amnésique, il est alors recueilli par une famille de sans-abri…
(…) Rien de lacrymal chez Kaurismaki. La reconstruction miraculeuse de M, l'homme sans passé, étage par étage, est un parcours burlesque, évoquant à la fois Chaplin et Tati, le premier pour la chaleur et la ruse, le second pour le sens du détail absurde. Il y a aussi cet art du dialogue propre au réalisateur : «Combien je te dois ?» demande M au pêcheur qui lui a payé un coup. Réponse : «Si je tombe dans le caniveau, ramasse-moi.» Que ferait-on si on faisait table rase, si on recommençait tout du jour au lendemain ? Kaurismaki répond : rien d’extraordinaire, on travaillerait, on aimerait, on ferait confiance. Et c’est extraordinaire.
Louis Guichard