Pepe le Moko
Guidé par l'inspecteur Slimane, la police tente désespérément de mettre la main sur Pépé le Moko, un célèbre et dangereux malfaiteur caché quelque part dans la casbah d'Alger. Fuyant une nouvelle fois la police, Pépé rencontre une magnifique jeune femme du nom de Gaby, et en tombe amoureux.
On a tout dit de ce drame de Duvivier : sa poésie des bas-fonds portée par un magnifique Gabin, son expressionnisme, son exotisme superbement factice de film « colonial » ; qu'il était le premier vrai film noir à la française... Tout est vrai. Le comparse de Pépé avec son bilboquet rappelle le complice de Scarface jouant sans cesse avec une pièce de monnaie. Les dialogues de Jeanson sont une ode à Paris. L'assassinat de Charpin aux accents violents d'un piano mécanique pourrait sortir d'un Fritz Lang des années 1930. Comme ce dernier, d'ailleurs, Duvivier interroge la culpabilité individuelle ou collective à travers Pépé, le bouc émissaire. Un homme seul dans la foule qui paiera cher d'avoir cru à la liberté, à l'amitié, à l'amour — des valeurs trahies, comme dans Panique ou La Belle Equipe. Ce romantisme désespéré est indémodable.
Guillemette Odicino, Télérama