La Rue de la honte
Le quartier de Yoshiwara, celui des bordels, est en pleine effervescence. On s’inquiète d’une prochaine interdiction de la prostitution. Au Paradis, maison close du quartier, les patrons s’énervent et les prostituées s’émeuvent. La jeune Mickey vient de débarquer dans ce monde menacé. Nous découvrons la situation des enfants de certaines de ces femmes, la relation avec leurs parents, la santé mentale fragile de l’une, l’énergie d’une autre. Tout ceci illustrant la morale particulière de ce métier particulier qui sonne comme ce conseil d’une de ces héroïnes à une nouvelle collègue : « Pense à toutes celles qui se donnent pour rien. Sois enthousiaste. »
> La séance du dimanche 13 novembre à 14h30 est présentée et suivie d'une conférence de Jean Douchet
C’est le dernier film (le 94e) de Mizoguchi. Même si on a beaucoup parlé d’un éventuel changement d’orientation que s’apprêtait à prendre le réalisateur, il n’en reste pas moins que cette Rue de la honte, avec ses accès d’ironie grinçante, reflet d’une mauvaise conscience masculine, sonne pour nous comme un testament. Il reprend ses obsessions, cette attention à ces destins de femmes, à ses thèmes de prédilection mis en scène ici avec passion et calme. Il s’intéresse aussi ici à la nouvelle génération avec le personnage de Mickey, la jeune prostituée qui représente les nouvelles aspirations des femmes du Japon. Le grand succès commercial que rencontra le film aida la nouvelle législation sur la prostitution à passer au parlement japonais.
Edouard Waintrop