Fuocoammare
Samuele a 12 ans et vit sur une île au milieu de la mer. Cette île s'appelle Lampedusa et c'est une frontière hautement symbolique de l'Europe, traversée ces vingt dernières années par des milliers de migrants en quête de liberté.
Ours d’or au Festival de Berlin en 2016, un film extraordinairement beau, d’une intelligence rare, simple et qui retourne l’estomac.
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Célébré à Venise en 2013 pour Sacro GRA, Rosi propose avec Fuocoammare un film étonnant sur Lampedusa. Deux lignes parallèles sont tracées : la caméra suit les 400 coups du jeune Samuele, dont le caractère flamboyant captive ; à côté, dans un montage alterné qu’il faudra interroger, le documentariste filme la traversée méditerranéenne des migrants, adoptant plutôt le point de vue des secouristes. On recueille, on héberge, on soigne. Mais jamais les lignes ne se croiseront.
Innocence et chaos
Fuocoammare met en scène un point de contact, cette petite île méditerranéenne surexposée médiatiquement, où le contact ne se fait pas. C’est sans doute tout son mérite : au lieu de choisir cette situation pour mettre en scène un face-à-face entre italiens et migrants, ou de travailler une possible coexistence (pacifique ou difficile), Rosi privilégie un rapport métaphorique à son sujet, trouve et observe un enfant passionnant, et tente de pénétrer les entrailles d’un esquif. Les deux mondes se tournent le dos, les migrants posent à peine le pied à Lampedusa, et l’enfant ignore l’existence de ce phénomène. Le film ne pose pas de point de vue moralisateur sur cette disjonction (même s’il l’organise), et laisse le spectateur la constater.
Axel Scoffier, Critikat