Ce n'est qu'un début
Ils s’appellent Azouaou, Abderhamène, Louise, Shana, Kyria ou Yanis, ils ont entre 3 ans et 4 ans quand ils commencent à discuter librement et tous ensemble de l’amour, la liberté, l’autorité, la différence, l’intelligence...
Durant leurs premières années de maternelle, ces enfants, élèves à l’école d’application Jacques Prévert de Le Mée-sur-Seine, dans une ZEP de Seine-et-Marne, ont expérimenté avec leur maîtresse, Pascaline, la mise en place d’un atelier à visée philosophique.
Plusieurs fois par mois, assis en cercle autour d’une bougie allumée par Pascaline, ils apprennent à s’exprimer, s’écouter, se connaître et se reconnaître tout en réfléchissant à des sujets normalement abordés dans le système scolaire français en classe de... terminale. Il n’y a plus de bon ou de mauvais élève lors de ces moments privilégiés : juste de tout jeunes enfants capables de penser par eux-mêmes avec leurs mots à eux, pleins de spontanéité, de bon sens et de poésie. Et qui font déjà preuve, parfois, d’un incroyable esprit citoyen.
La vie, l’amour, la mort, l’amitié, la différence, l’intelligence, toutes ces énigmes sont visitées une à une par les enfants. On rit. Mais pas seulement. Une extrême gravité voile certains regards.
Le Canard enchainé
Le film pourrait ne se réduire qu’à une collection de « perles » et de bons mots d’enfants, si les réalisateurs n’étaient parvenus à décrire avec finesse l’ambiance de cette classe de ZEP, véritable îlot de joies et d’échanges dans une banlieue plutôt morose et terne. Les auteurs ont fait un œuvre engagée, rappelant le rôle éminent de l’Institutrice au cœur de la Cité.
Positif
Le tableau a ceci de stimulant que ces enfants de 5 ans apprennent autant qu’ils nous enseignent, moins la philosophie que la poésie à l’état pur.
Télérama
Le film révèle sa puissance pédagogique et subversive en incluant à la réflexion plusieurs séquences, dans la cour de récréation ou en famille, qui refusent de se contenter d’un filmage à la Entre les murs pour traquer contextes et conséquences de ces ateliers. Ce n’est qu’un début, conformément à son titre, va au-delà de l’initiation à la philosophie pour réaffirmer la nécessité du lien entre l’école et le monde.
Les Cahiers du Cinéma
(...) Qu’est-ce que philosopher ? Selon Matthew Lipman, le concepteur de l’approche de Philosophie pour enfants, philosopher c’est apprendre à « bien-penser » - et ce, dès le plus jeune âge. Dans la réalité de la classe, cela veut dire que les enfants se rassemblent pour réfléchir ensemble sur des concepts ouverts comme l’amour, la liberté, la justice, la beauté… à partir de leurs expériences et de leurs besoins.
Mais ce n’est pas parce que les enfants parlent et pensent qu’ils philosophent. Mes recherches dans des classes de divers pays m’ont fait comprendre qu’apprendre à philosopher est un processus long et exigeant qui requiert de la rigueur intellectuelle, de la créativité, de la sollicitude envers autrui et de l’ouverture d’esprit. Laissés à eux- mêmes, les enfants n’y arrivent pas! En effet, spontanément, ils ont tendance à échanger de façon anecdotique, c’est-à-dire à raconter des anecdotes personnelles sans se soucier des points de vue des pairs.
Guidés par l’adulte, les enfants réussissent à échanger de façon monologique, c’est-à- dire que leur parole devient plus complexe, malgré le fait qu’ils soient encore peu influencés par les interventions des pairs. Et, graduellement, toujours guidés par un adulte « formé à l’approche philosophique », ces enfants apprendront à écouter l’autre, à respecter son point de vue et à y agencer les leurs… ils dialogueront puis ils dialogueront de façon critique. C’est l’étape la plus aboutie du processus d’apprentissage du philosopher. (...)
Marie France Daniel, experte de la philosophie pour enfants