Ali a les yeux bleus
Nader, jeune romain d’origine égyptienne, est tiraillé entre le poids de ses origines et son désir d’intégration. Lorsqu’il annonce à sa famille son amour pour Brigitte, une jeune italienne, ses parents s’opposent catégoriquement à cette relation contraire à leur culture. Nader décide alors de quitter le domicile familial et de n’y revenir que lorsque ceux-ci auront changé d’avis. Courageux et amoureux à l’instar du héros d’une fable contemporaine, il se retrouve livré à lui-même à la recherche de sa propre identité.
C'est une Italie méconnaissable, peu montrée au cinéma : multi-ethnique, hivernale, banlieusarde. Sur le front de mer d'Ostie, des ados roumains, arabes et italiens se croisent, se coursent, se frappent ou font l'amour. Tous parcourus par cet élan vital qui les pousse. Nader, 16 ans, né en Italie de parents égyptiens, est de ceux-là. Petite frappe sentimentale, il ne respecte rien ni personne, sauf sa copine, sa soeur et son meilleur ami, du moins tant que ces deux-là ne se tournent pas autour. En conflit avec sa famille, qui refuse sa copine italienne au nom de la tradition, le garçon quitte la maison pendant une semaine.
Une semaine d'un récit fiévreux, où chaque jour est vécu et montré comme une mini-épopée, avec son lot d'épreuves initiatiques. Du lycée à la plage, dans le métro, à pied, le réalisateur ne lâche pas ces personnages qui oscillent entre désinvolture, gravité et contradictions : victime des préjugés de ses parents, Ali devient à son tour, et pour les mêmes raisons, le tyran de sa soeur... Filmé comme un documentaire, avec des acteurs qui jouent leurs propres rôles, le film réussit à rendre très émouvants les dilemmes identitaires des enfants d'immigrés, tiraillés entre le besoin de s'intégrer et la fidélité à leurs origines.
Mathilde Blottière, Télérama