Dodes'ka-den
Dans le faubourg misérable d’une grande ville. Rokushan, jeune garçon débile léger conduit un tramway imaginaire; une orpheline est violée par son oncle; un aveugle retrouve sa femme qui l’avait abandonné mais il refuse de lui parler...
Dodes’ka-den marque un tournant dans la carrière de Kurosawa : il s’agit de son premier film en couleurs – lui qui avait toujours été un ardent défenseur du noir et blanc. Cette œuvre – l’une de ses plus célèbres mais aussi l’une de ses plus complexes – peut être envisagée comme une relecture des Bas-Fonds, dans lequel figurait déjà un huis clos au sein d’un quartier défavorisé. Pour s’extraire de leur sombre réalité, les personnages n’ont d’autre choix que de faire appel à leur imagination et à leur capacité à rêver. De fait, la géographie même des lieux, volontairement floue et abstraite, confirme l’importance de cette notion d’imaginaire, tout comme les décors antinaturalistes soulignent cette impression d’artificialité. Mais le flm est avant tout une magnifique métaphore sur le cinéma, à travers le bouleversant Rokuchan : en conduisant ce faux tramway dont seuls les bruits se matérialisent, ce personnage célèbre à sa façon la puissance du rêve sur la réalité, unique exutoire à la misère du quotidien.
Carlotta films