Heidi
La petite Heidi, dont la mère est décédée, est emmenée par sa tante dans les montagnes suisses où vit son grand père. Le vieil homme, rustre et solitaire, ne pense pas la garder, et en attendant de pouvoir la confier à quelqu'un d'autre il l'envoie chaque jour garder les chèvres dans les alpages, avec le jeune Peter...
(...) Le réalisateur a une approche modeste d’un livre, publié en 1882, qui a encore du suc à donner. Il ne se croit pas plus malin que Johanna Spyri. Il respecte la trame dramatique, gomme quelques bons sentiments, la ferveur patriotique et les leçons de catéchisme, pour exalter la beauté de la nature et l’amitié. Il soigne les personnages de femmes, notamment celui de la grand-mère de Clara, qui perçoit la vive intelligence de la sauvageonne illettrée.(…) Succédant à Jason Robards ou Max Von Sydow, Bruno Ganz incarne le grand-père. Pas facile de camper un vieux sarment grincheux dissimulant des trésors de tendresse sans être ridicule: le grand comédien s’acquitte à merveille de ce rôle casse-gueule. Brunette vive et rieuse, la langue bien pendue et le regard sombre, la petite Anuk Steffen qui tient le rôle-titre est adorable. Elle fait la paire avec Clara, blonde et diaphane. Peter est un gosse buté, les chèvres sont capricantes à souhait et les neiges immaculées. Le roman de Johanna Spyri recèle une vraie valeur littéraire, fonde une mythologie et donne un visage au Heimweh. L’adaptation d’Alain Gsponer dégage une indéniable émotion et relève moins du Heimatfilm que de l’hymne à la liberté.
Antoine Duplan, Le Temps