Faux-semblants
Beverly et Elliot Mantle, deux gynécologues réputés, sont des « vrais » jumeaux et partagent tout : leur appartement, leur clinique et les femmes. Lorsque Claire, une jeune femme consulte Beverly, celui-ci tombe amoureux d'elle et refuse de la « partager ». C'est le début d'une descente vers la folie.
Cronenberg est, une fois de plus, fasciné par les mutations du corps, et la caution médicale (imaginaire) qu'il donne au scénario de Faux-semblants rend le film encore plus troublant, véhiculant une peur profonde, viscérale, à l'image des instruments chirurgicaux imaginaires (et plus proches de la torture que de la médecine) qu'utilisent les jumeaux Mantle. Faux-semblants ne verse pourtant jamais dans l'horreur sanglante et spectaculaire ; tout y est intellectuel et glaçant, tout y est pensé et maîtrisé, à l'instar de l'interprétation époustouflante de Jeremy Irons. Ce voyage au coeur d'un enfer cérébral est splendide et déroutant, réflexion sur le double, la chair et le monstre. Un chef-d'oeuvre du cinéma fantastique.
Aurélien Ferenczi, Télérama