Mediterranea
Récit initiatique
Abbas et Ayia ont bravé les hommes et la mer pour travailler illégalement dans une orangeraie de Calabre. Venus du Burkina Faso, ayant traversé l'Algérie, puis la Libye, ils déchantent une fois en Europe tant les conditions de vie et l'accueil de la population locale sont hostiles.
Mediterranea raconte la difficulté du voyage des migrants mais surtout les désillusions et leur arrivée dans un enfer plutôt qu'un Eldorado.
Jonas Carpignano est un réalisateur qui a passé son enfance entre New York et Rome. Il a toujours été sensible au thème de l’immigration, sa mère étant afro-américaine et son père italien. Mediterranea est son premier long métrage, après plusieurs courts remarqués dans des festivals internationaux, dont la Semaine de la Critique. Le récit est initialement basé sur les émeutes raciales survenues à Rosarno en 2010, et qui ont conduit le cinéaste à se rendre en Calabre pour mieux cerner les circonstances de cette révolte. Mediterranea évoque ces prémices, davantage que la violence sur lesquelles elles ont débouché. Par bien des aspects, le film fait écho à Hope de Boris Lojkine, présenté en 2014 dans cette même section, et qui se déroulait dans le monde souterrain et communautaire d’immigrés qui remontent le Sahara. Le départ du Burkina Faso et le voyage des migrants ne constituent par contre que le début de Mediterranea, et le cinéaste préfère se centrer sur le vécu d’Ayiva et son ami Abas en territoire italien, après un bref détour libyen. « J’ai souhaité faire un film qui capture les aspects ordinaires de l’expérience du migrant alors qu’il doit gérer le quotidien », a déclaré Jonas Carpignano. Mais Il évite soigneusement les écueils d’une œuvre « coup de poing » et misérabiliste sur la condition des immigrés, et cela constitue l’une des premières qualités du récit (...)
Gérard Crespo, A Voir A Lire