Les Racines du ciel
A Fort Lamy, principale ville du Tchad, alors colonie française, arrive un curieux voyageur, Morel, un Européen ulcéré par le massacre des éléphants. Minna, hôtesse dans la seule boîte de nuit de la ville, est séduite par la passion que le nouveau venu met à défendre les pachydermes. D'autres le sont moins, notamment un chasseur et un grand reporter qui reviennent blessés de leur chasse.
Prix Goncourt 1956 pour cette fresque de la vie coloniale en Afrique- Equatoriale française, Romain Gary participe, deux ans après, à son adaptation cinématographique. Derrière les pachydermes en danger, les scènes d'action bien enlevées, les morceaux de bravoure impressionnants et l'humour grinçant, se profile une réflexion amère sur le petit monde anachronique et égoïste des colonies. Aux côtés de Trevor Howard, trop grimaçant, et de Juliette Gréco, mal à l'aise, Errol Flynn, ivrogne dont le seul ami est un haricot sauteur, et Orson Welles, matamore imbibé de whisky, sont dignes d'entrer dans la longue galerie de portraits qui habite l'oeuvre de Huston. Un film plaisant et généreux.
Gérard Camy, Télérama