La Soif du mal
L'explosion d'une bombe dans le secteur américain de Los Robles, petite ville frontalière entre les États-Unis et le Mexique, fait craindre des complications entre les deux pays. Un policier mexicain, Mike Vargas, décide de s'investir dans l'enquête…
« Qu'est-ce que ça peut faire, ce qu'on dit sur les gens ? » Cette oraison funèbre, proférée par Marlene Dietrich devant la dépouille de l'inspecteur Quinlan, convient à la plupart des « monstres » interprétés par Orson Welles dans ses films : Kane, Arkadin, Macbeth, Othello... A la demande de Charlton Heston, Welles accepte de jouer et de mettre en scène ce polar, adapté de Whit Masterson. La magistrale scène d'ouverture est un morceau d'anthologie : un plan-séquence de trois minutes et dix secondes suit la marche vers la frontière mexicaine d'un homme et d'une femme. Parallèlement, une voiture où est cachée une bombe les suit, les perd, les retrouve et finit par exploser, côté américain...
Tout n'est que passage : d'un pays à l'autre, du mensonge à la vérité, de la vie à la mort. Mike Vargas, le probe et juste policier mexicain, en lutte contre la drogue, se heurte à Hank Quinlan, le flic véreux. C'est la fin d'un monde que décrit Welles, le pourrissement d'une société. Techniquement, c'est une merveille qui joue sur les plongées et les contre-plongées, les cadrages et les décors insolites. Sublime.
Isabelle Danel, Télérama