Le Criminel
Wilson, inspecteur de police, retrouve Meinike, ancien chef d’un camp d’extermination dans un village américain. La cible va y rencontrer son ancien supérieur, Franz Kindler, interprété par Orson Welles. Franz est devenu un honorable professeur d’université.
Seul film véritablement commercial d’Orson Welles, Le criminel surclasse sur bien des points tous ses concurrents de l’époque et s’impose comme une œuvre diaboliquement efficace. Outre une maestria visuelle qui rappelle à chaque seconde la supériorité de Welles sur tous ses concurrents de l’époque (magnifiques angles de prises de vue, amples et complexes mouvements d’appareil), le film se révèle une analyse pertinente de toute forme de fascisme. Planqué dans une petite ville américaine sans histoire, l’ancien nazi incarné par Welles incarne à lui seul le danger qui menace toute démocratie : celle-ci nourrit en son sein une idéologie qui vise à sa propre destruction. En cela, Welles démontre que la tyrannie commence déjà à l’intérieur de la cellule familiale avant de contaminer le reste de la société. Grâce à une efficacité redoutable, Le criminel s’impose donc comme une œuvre majeure de l’après-guerre, d’autant qu’il s’agit du tout premier film à inclure des images des camps d’extermination.
Virgile Dumez, A voir à lire