Une flamme dans mon coeur
Une flamme dans mon cœur raconte la mort difficile d’une relation amoureuse entre une femme de plus de trente ans et un jeune Maghrebin, puis la naissance et la fin d’un deuxième amour entre cette même femme et un journaliste «bien en cour»; ces circonstances illustrent l’exigence absolue d’une femme pour laquelle le rapport amoureux se pose en termes de vie ou de mort; il en résulte une démarche et des compromise quelquefois dramatiques et le plus souvent «brûlants», comme la flamme vacillante qui embrase son cœur.
La première a lieu le 3 juin 1987 à Paris où "Une Flamme dans mon cœur" sort dans huit salles. La presse française est partagée. Les uns apprécient la simplicité radicale d’une mise en scène qui se met au service de l’interprète principale, à la fois impudique et bouleversante, tandis que d’autres sont indisposés par cette même impudeur, dans laquelle ils voient une preuve du narcissisme de l’actrice, voire un exhibitionnisme susceptible de favoriser des sentiments misogynes. Le rythme du film est aussi mis en cause, pour sa lenteur, ponctuée par les seules scènes érotiques. En juillet, "Une Flamme dans mon cœur" reçoit une prime à la qualité de 30'000 fr. En août, le film est présent au Festival del film Locarno, où il est très bien accueilli par la presse suisse, pour la manière dont il tire parti, sur un plan esthétique, de l’étroitesse de son budget, pour le caractère universel de son propos, qui l’éloigne de ce qu’un critique appelle le « régionalisme critique » de certains films de Tanner. C’est aussi la performance de Myriam Mézières qui retient toute l’attention, à tel point qu’elle est parfois considérée comme une coauteure à part entière du film et comme l’initiatrice d’un profond renouvellement du cinéma de Tanner. "Une Flamme dans mon cœur" sort dès la fin août dans les principales villes de Suisse romande et alémanique et donne lieu à un accueil plus contrasté mais globalement positif : la presse alémanique met en avant l’implication de Myriam Mézières dans le film et l’associe à la distance que semble prendre Tanner par rapport à tout ce qu’il filme, une distance qui peut être aussi bien positivée (parce que considérée comme intentionnelle) que négativisée (parce qu’induisant un voyeurisme de la part du spectateur ou parce qu’échouant à donner une dimension autre que purement sexuelle à cette histoire d’amour). Quant à la presse romande, elle insiste davantage sur la part de Tanner (justesse, virtuosité, déplacement et approfondissement d’une thématique).
André Chaperon - "Histoire du cinéma suisse de 1962 à 2000" sous la direction d'Hervé Dumont et de Maria Tortajada - Editions Cinémathèque suisse et Gilles Attinger - 2007