Michael Haneke, L'horreur Côté Clinique
Dès ses débuts, Michael Haneke s’impose comme un cinéaste géologue ; un spéléologue obstiné qui parcoure inlassablement les veines du mal. Ave une caméra plus neutre qu’un membre des services diplomatiques suisses, il filme un quotidien dans ce qu’il a de plus routinier, avant de s’infiltrer, avecle tranchant et la précision d’un scalpel, dans les failles les plus sombres de l’âme humaine. Il se fait le chantre du malaise, sans y mettre – apparemment– la moindre émotion. Pas d’identification possible, le spectateur reste un spectateur. Il assiste au délitement des personnages, ancré dans son fauteuil, les yeux hallucinés et l’esprit en ébullition. D’une famille qui avance tranquillement du bord de l’abîme (Le Septième continent), à des ados qui en torturent une autre, même pas pour le plaisir (et c’est là que Haneke touche à la quintessence du malaise), nous présentons les cinq premiers longs métrages d’un virtuose de la violence ordinaire, de la malédiction de la vie. Quel talent ! AdG