Du 27 Novembre 2024 au 10 Décembre 2024

Grand Tour

de Miguel Gomes

Rangoon, Birmanie, 1918. Edward, fonctionnaire de l’Empire britannique, s’enfuit le jour où il devait épouser sa fiancée, Molly. Déterminée à se marier, Molly part à la recherche d’Edward et suit les traces de son Grand Tour à travers l’Asie.

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NOTES DU RÉALISATEUR

La genèse.

Ce film a commencé à prendre forme la veille de mon mariage. Je lisais un livre de voyage de Sommerset Maugham, Gentleman in the Parlour. Dans deux pages de ce livre, Maugham raconte une rencontre avec un Anglais vivant en Birmanie. Il avait fui sa fiancée à travers l’Asie avant d’être rattrapé et de finalement vivre un mariage heureux... Au fond, il s’agissait d’une plaisanterie, jouant sur des stéréotypes universels : l’entêtement des femmes l’emporte sur la lâcheté des hommes. Cette poursuite a pris la forme d’un Grand Tour. Au début du XXe siècle, le «Asian Grand Tour» est le nom donné à l’itinéraire qui part d’une des grandes villes de l’Empire britannique, en Inde, et se termine à l’Extrême-Orient (Chine ou Japon). De nombreux voyageurs européens ont entrepris ce Grand Tour et plusieurs d’entre eux ont écrit des livres sur cette expérience.

Le grand tour de l’équipe

À partir de cette idée sommaire du fiancé prenant la fuite en suivant cette route, nous avons décidé qu’il fallait faire ce Grand Tour nous-mêmes avant de ne commencer à écrire le scénario. Nous avons filmé cet itinéraire en 2020, équipe de scénariste, chef opérateur image, chef opérateur son, accompagnés d’une équipe de production pour chaque lieu de ce véritable tournage itinérant, créant ainsi des «archives de voyage». L’écriture est née de notre confrontation avec ces images de l’Asie qui, de fait, devenait le tout premier personnage de notre histoire, celui qui donnerait naissance à tous les autres. Avec ce voyage a surgi la nécessité d’intégrer à notre histoire à venir celles que nous rencontrions au cours du périple, ce storytelling que nous ne pouvions et ne souhaitions pas recréer en studio : les contes, les danses, les musiques, les spectacles d’ombres... Les enregistrer sur place pour intégrer ces éléments tels quels dans le film était aussi une manière pour nous d’éviter au mieux le risque de dénaturer ces histoires en les reproduisant de toute pièce en Europe.