Le Cinéma des Aîné-e-s
Chères spectatrices, chers spectateurs,
Le printemps est généralement la saison du retour à la vie, la nature se réveille, les esprits s’emballent, les émotions nous emportent. Entre rires et larmes, le nouveau programme du Cinéma des aîné·e·s, résolument printanier, ne saurait vous décevoir.
Les larmes d’abord, avec La Tresse. Laetitia Colombani, adaptant son propre roman et tisse une trame qui chevauche les continents et touche au cœur. Tout autre registre, Chasse gardée, de Antonin Fourlon et Frédéric Forestier. Une famille de Parisiens s’installe dans un village sans histoire. Quelle n’est pas sa surprise en découvrant que le jardin sert de terrain de chasse à d’encombrants voisins ! Les excellents Didier Bourdon et Thierry Lhermitte font tourner en bourrique les pauvres Hakim Jemili et Camille Lou, dans une comédie vraiment très drôle. Place au suspens et à l’embrasement des sens avec Un coup de dés, de Yvan Attal. Devant et derrière les caméras, il signe un thriller haletant tout en se livrant à une réflexion sur la conscience humaine. Avec Ciao-ciao Bourbine, Peter Luisi nous offre une comédie hilarante sur notre Helvétie chérie : l’initiative « no bilingue » exige l’usage d’une seule langue nationale, le français. Et tandis que Romands et Alémaniques s’en accommodent tant bien que mal, des Tessinois menacent de dynamiter le tunnel du Gothard... Avec une autodérision assumée, cette comédie loufoque bat tous les records de fréquentation en Suisse. Vous avez aimé Maison de retraite, vous allez adorer Maison de retraite 2. Cela d’autant plus que la joyeuse ribambelle d’actrices et d’acteurs ont pris visiblement beaucoup de plaisir à se lancer dans cette « guerre des seniors ». Claude Zidi Jr. laisse peu de place à la surprise, mais il procure du bonheur. Dans Les Chèvres !, de Fred Cavayé, on découvre qu’au Moyen-âge, les animaux pouvaient être accusés de meurtre. Entraînés dans un curieux procès, Dany Boon et Jérôme Commandeur se livrent à de sérieuses joutes verbales, sous les yeux candides de l’épatante Claire Chust. Avec La Vie de ma mère, Julien Carpentier signe un premier film épatant. On y retrouve avec joie une Agnès Jaoui, exubérante, déchaînée au point d’inquiéter son fils Pierre, qu’elle n’a pas vu depuis deux ans. Après des retrouvailles hautes en couleur, Pierre espère retrouver son quotidien normal, mais rien ne se passe comme prévu... Michèle Laroque en cantatrice déchue se lance dans le karaoké et par là, elle reprend goût à la vie... Dans Karaoké, Stéphane Ben Lahcene ne fait pas dans la dentelle, certes, mais ses comédiennes, Michèle Laroque, donc, et Claudia Tagbo se donnent à pleins poumons et distillent un plaisir communicatif réellement emballant. Du karaoké au Bolero, il n’y a qu’un pas que nous franchissons allègrement en compagnie d’Anne Fontaine. Elle dirige avec maestria Raphaël Personnaz et Doria Tillier, entre autres, dans un film qui raconte la genèse du célèbre ballet qui immortalisa son auteur. Du grand art...
—Alfio Di Guardo, Les Cinémas du Grütli