Hommage à Terence Davies (1945 - 2023)
« Distant Voices, Still Lives est en grande partie un portrait détaillé du style de vie traditionnel de la classe ouvrière qui a formé et sculpté mon enfance. C’est aussi un hommage à ma mère et à ma famille, un hommage à une culture morte depuis longtemps et à une façon de vivre aujourd’hui disparue et dont il ne reste plus qu’un vague et lointain souvenir. » - Terence Davies
Premier film en couleur de Terence Davies, il s’agit d’un diptyque dont une première partie (Distant Voices) est tournée en 1985, puis une seconde (Still Lives), deux ans plus tard en 1987. Le film consiste en une série de souvenirs, qui se mélangent avec la réalité présente des personnages. Largement autobiographique, Distant Voices, Still Lives est une reconstitution minutieuse du Liverpool des années 1950 dont se souvient Terence Davies. Aussi, la majorité des acteurs est d’originaire de Liverpool, les figurants y compris. C’est également le cas des lieux, le tournage s’étant déroulé dans la ville natale de l’auteur qui s’est efforcé, malgré la destruction de la plupart des bâtiments d’époque, de coller le plus possible à ses souvenirs. Il pousse la reconstitution jusqu’au choix des boissons que consomment les personnages dans les pubs qui sont d’une précision presque documentaire.
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Cinéaste britannique, Terence Davies a construit depuis le milieu des années 1970 une œuvre unique en son genre, intime et bouleversante. Ses fictions révèlent un rapport organique à la narration, reflets des méandres de la mémoire (The Terence Davies Trilogy, 1976-1983), des souvenirs d'enfance et du temps qui passe (Distant Voices, Still Lives, 1988, prix FIPRESCI au festival de Cannes et Léopard d’Or au festival de Locarno, Une longue journée qui s’achève, 1991) et des affres de la création (Emily Dickinson, a Quiet Passion, 2016 et Benediction, 2021, prix du Jury au festival de San Sebastian).
Portés par une mise en scène des plus élégantes, parés de multiples textures, ses films sont aussi pour la plupart une plongée dans le passé et la culture ouvrière de son pays natal, et plus particulièrement de la ville de Liverpool (Of Time and the City, 2008, Une longue journée s’achève), enveloppée par une musique, tantôt populaire, tantôt classique, à la fois marqueur historique et émotionnel. Se dessine en creux, au fil des films, un poignant autoportrait du cinéaste, de ses passions et ses tourments.
Scénariste de tous ses films, il a également adapté quelques classiques de la littérature anglo-saxonne (La Bible de Néon, 1996, Chez les heureux du monde, 2000 ou The Deep Blue Sea, 2011) et a tourné avec de grands acteurs : Gena Rowlands, Gillian Anderson, Rachel Weisz, Tom Hiddleston, Simon Russell Beale.